La Guerre de 1870 à Mercy.
Lorsque la guerre eut éclaté, en 1870, entre la France et la Prusse, la famille de Maurice du Coëtlosquet ne quitta Mercy qu'après nos premiers revers, et quand les Allemands arrivèrent, en quelque sorte, aux portes de Metz. Le château de Mercy fut occupé par les troupes françaises, et le général Frossard, commandant le 2me corps d'armée, y établit son quartier général. On avait à peine eu le temps d'enlever une faible partie du mobiIier. L'un des derniers jours qui précédèrent la bataille de Borny, l'empereur Napoléon se rendit à Mercy-lès-Metz, tant pour se rendre compte de la position que pour rendre visite au précepteur du prince impérial. Lorsque Maurice du Coëtlosquet fut informé de la présence du souverain, il donna l'ordre d'atteler ses voitures pour gagner Metz, et comme on l'informait du désir exprimé par l'Empereur de se faire présenter le propriétaire du château de Mercy, il activa les préparatifs du départ et se refusa à saluer Napoléon III, sur lequel pesait, au premier chef, ainsi que sur l'extrême-gauche du Corps législatif, la responsabilité d'une guerre aussi mal engagée et des premiers revers de nos armes. On reconnaît là l'indépendance du caractère de notre regretté compatriote et son intransigeance en face du pouvoir, quand il manque à sa mission d'une façon manifeste.
Ruine du château de Mercy octobre 1870 |
Napoléon III. |
Napoléon 3 à Metz en 1870 |
L'entrée de la préfecture de Metz
Buste de Maurice du Coëtlosquet (par Hanneaux Emmanuel) |
Maurice du Coëtlosquet se renferma dans Metz avec son père et son second frère Edouard qui, à l'âge de 19 ans, venait de s'engager dans les francs-tireurs de Metz, commandés par M. Vever, le 6 août 1870. Maurice du Coëtlosquet se fixa de nouveau dans l'ancien hôtel de la rue des Parmentiers, devenu la propriété de Madame Francois de Wendel (Joséphine de Fischer de Discourt grand-mère de Maurice). Lui et son père se consacrèrent avec le plus grand dévouement au soin des blessés, à l'ambulance installée dans le couvent des dames du Sacré-Cœur, 4, rue Châtillon, où Marie-Thérèse-Charlotte du Coëtlosquet, fille aînée du comte Léon du Coëtlosquet, était religieuse. Maurice se distingua par son courage et son dévouement de tous les instants pendant la guerre. On le vit ramasser les blessés sur les champs de bataille de Gravelotte et de Borny, où il s'était rendu dans sa voiture surmontée du drapeau de la Croix-Rouge, société dont il faisait partie. Le soir même de la bataille de Borny, à sept heures, les Allemands établirent à Mercy des batteries qui inquiétèrent notre aile droite. Le colonel Merlin, commandant le fort Queuleu, leur répondit de ses pièces de gros calibre et les obligea de se retirer.
Les ruines du château de Mercy La Chapelle est derrière. |
Le même emplacement avec le nouveau château de Mercy. |
Le 23 septembre 1870, le maréchal Le Bœuf est chargé d'un coup de main sur Vany et sur Chieulles, pendant que le 6e corps dépassera les fermes de Saint-Eloy et de Thury, sur la rive gauche de la Moselle, et que le général de Lapasset menacera Peltre. Maurice du Coëtlosquet sait que la compagnie des francs-tireurs est campée à Grimont, près de Saint-Julien. Il se doute que cette vaillante petite troupe, sous les ordres du général baron Aymard, qui commande la 4e division du 3e corps, va prendre part au combat annoncé. Aussi se dirige-t-il vers Grimont, pour pouvoir y embrasser son frère Edouard. Mais lorsqu'il est arrivé au poste qu'occupaient d'ordinaire les francs-tireurs, on lui apprend qu'à trois heures de l'après-midi ils ont été prendre, ainsi que le 60e d'infanterie, le chemin de leur grand'garde et que, pendant qu'à droite, sur la route de Bouzonville, la fusillade était engagée très vivement, ils se sont élancés au pas de course sur la chapelle de la Salette et les premières maisons de Villers-l'Orme que les Allemands leur ont abandonnées. Maurice n'hésite pas. Il suit les traces de ces vaillants soldats. Il faut cheminer dans les vignes, pour seconder l'attaque. Après la prise de Villers-l'Orme, les francs-tireurs se rabattent sur la vallée pour se diriger vers Vany, distant de 500 à 600 mètres. Le capitaine Vever les déploie en tirailleurs et ils marchent avec entrain sans tirer un coup de fusil. Maurice du Coëtlosquet les suit toujours et les rejoint, lorsqu'ils se placent dans les jardins de Vany, qui regardent Rupigny.
dSon frère Edouard, qui a reçu le baptême du feu, est sain et sauf. La fusillade ne cesse pas cependant, mais les du Coëtlosquet ont du sang de héros dans les veines. Ils ne tremblent pas devant les balles que leur tirent les Allemands campés à Rupigny. Le fourrage que devaient faire les francs-tireurs est achevé. Au bout de trois quarts-d'heure, ils se replient sur Grimont, mais, pendant leur retour, une grêle de balles, venant de Chieulles, et d'obus lancés par les batteries prussiennes, placées près de Rupigny, pleut sur eux. Un des leurs, Vaillant, chancelle et tombe : il a la poitrine percée par une balle. Bientôt il meurt. Ce ne fut que vers 5 heures et demie que le fort de Saint-Julien cessa de servir de but à l'artillerie allemande.
Le château de Mercy était devenu un campement de l'armée Prussienne . Le 27 septembre 1870, un convoi, suivi d'une locomotive s'arrêta aux environs de PeItre et les soldats français abordèrent à droite le château de Crépy, dont ils s'emparèrent, et occupèrent le village de Peltre. La brigade de Lapasset s'est couverte de gloire. Dans le même moment, le 90e, commandé par le général de Gourcy, et le 69e d'infanterie attaquent le château de Mercy et s'en emparent. Le château était fortement barricadé, les fenêtres avaient un blindage de traverses de bois qui laissaient dans les intervalles juste la place d'un canon de fusil. une trentaine de nos hommes munis de haches attaquent sous le feu les portes et les fenêtres et finissent par se frayer un passage, un véritable carnage commence alors dans le château de Mercy jusqu’au sous-sol, chambre par chambre, les défenseurs du château et plusieurs officiers prussiens payent leur résistance de leur vie. Quelques-uns purent, dit-on, s'échapper pendant l'attaque, mais beaucoup, ne voulant pas se rendre, se réfugièrent dans les caves où l'incendie les fit périr. A onze heures du matin, Mercy s'écroule dans les flammes. A midi, on ne voit plus à la Grange qu'un pignon brûlant et une cheminée menaçant ruine sur un mur calciné.
Ruine du château de Mercy octobre 1870 |
Combat de Mercy le château en arrière plan déjà en ruine. |
La légende voudrait quand apprenant la perte de son château, Maurice du Coëtlosquet ne versa pas une larme, malgré la perte de plusieurs milliers livres de sa bibliothèque personnelle, ainsi que tous les objets et tableaux de notre histoire locale. Il était prêt à sacrifier sa fortune, si ce sacrifice pouvait contribuer à la victoire, Maurice du Coëtlosquet opta pour la France en 1872, il resta toujours propriétaire des terres de Mercy, Mercy le haut fut rattaché à la commune d’Ars Laquenexy en 1892. Il renaîtra de ses cendres en 1905 avec la construction du nouveau château de Mercy sur l’emplacement des ruines de l’ancien château.
Option de Maurice du Coëtlosquet en 1872 |
Édouard s'engagea en 1870 dans le corps des francs-tireurs de Metz, au sein duquel « il fit vaillamment son devoir de Français » Après la honteuse capitulation de Bazaine, il s'échappa, rejoignit les Volontaires de l'Ouest à Poitiers et servit jusqu'au fer avril dans le bataillon des zouaves pontificaux qui était commandé par le général de Charette. Démobilisé, il rentra à Metz. La famille du Coëtlosquet habitait alors rue des Parmentiers, car le château familial de Mercy avait été incendié par les Allemands au cours du blocus. |
du COËTLOSQUET
Bénédictin Solesmes 08/12/1875, Abbé de St Maur 1894-1906
* 07/10/1851 Metz
J'y ai passé 7 ans, de 83 a 90 que de souvenirs !
RépondreSupprimerGuy Donze